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ROME – Le ciel italien n’est pas en bonne santé.La faute à la pollution lumineuse:trop de lumière artificielle s’élevant du sol assombrit le ciel.Cela crée de sérieux problèmes pour les astronomes, mais la nature est également affectée. Le ciel italien est trois fois plus lumineux qu'à Berlin, par exemple, et nous sommes le maillot noir des pays du G20..Champions du monde, oui, mais de méchanceté, clame-t-il l'astrophysicien Gianluca Masi, fondateur du Virtual Telescope Project, qui, interrogé par l'agence Dire, évoque également le cas de Manciano, une petite oasis intacte et sombre de la Maremme, un paradis pour les amoureux du ciel, qui risque désormais de disparaître à cause de la construction d'un parc éolien.
LE CAS DE MANCIANO, DANS LA GROSSETANA MAREMMA
« Même s’il détient malheureusement ce record de champion absolu en matière de pollution lumineuse, notre pays nous réserve une surprise : il existe une zone de la péninsule italienne qui semble miraculeusement indemne du point de vue de la pollution lumineuse.Nous parlons de la municipalité de Manciano, de la partie sud de la Grosseto Maremma - explique Masi, en parlant avec Dire -.Là, sans surprise, grâce à ce ciel immaculé, il y a une fervente étude de l'univers, des recherches astronomiques et des activités de diffusion scientifique.C'est une région chanceuse également du point de vue du tourisme astronomique. Malheureusement, un grave danger menace cette oasis, qui, je le répète, n'a pas d'égal en Italie :en effet, il y a l'idée d'installer un important parc éolien en plein Montauto, au cœur de cette précieuse oasis amie des étoiles. Je suis un partisan absolu de la transition écologique et des technologies qui la facilitent, à commencer par les plantes de ce type.Cependant, dans ce cas précis, si nous voulons honorer au mieux la nécessité de cette transition, je crois que le lieu n'était pas le bon, car cette usine aura inévitablement un impact sur ces caractéristiques qui font que la région de Manciano, la région de Montauto, un endroit unique en Italie. Ici, j'espère qu'il y aura une refonte.J'espère qu'une décision sera prise pour déplacer l'usine ailleurs, dans un endroit où l'impact environnemental est moindre ou nul. Ce serait franchement dommage de perdre la zone la plus sombre et la plus étoilée du Bel Paese. Espérons qu'au moins cette fois, les stars sauront convaincre, pourront inspirer une réflexion importante."
Le reste du pays, comme mentionné, il ne va pas bien. La pollution lumineuse est importante et augmente également en raison de l'encombrement des orbites terrestres basses, où transitent de nombreux satellites, bien visibles pour ceux qui ont l'habitude de scruter le ciel. Tous les obstacles pour une observation correcte du ciel.
QUE FAIRE POUR RÉDUIRE LA POLLUATION LUMINEUSE
« Malheureusement, l’Italie est la championne du monde sans gloire de cette méchanceté de la pollution lumineuse.Dans le groupe du G20, l'Italie, pour être honnête avec la Corée du Sud, est de loin le pays le moins vertueux, parmi les plus pollués de ce point de vue, gaspillant chaque année plus de centaines de millions d'euros. Pourtant, il suffirait de peu pour remédier à la situation, peut-être en réduisant la quantité objectivement excessive de lumière qui existe dans nos métropoles..Considérez que dans les villes italiennes, il y a environ trois fois plus de lumière que dans les rues de Berlin, juste pour faire référence pas trop loin de chez nous.Le marché met à disposition des technologies très utiles, peut-être des systèmes d'éclairage public après un certain temps ils pourraient s'éteindre à 50% ou en tout cas réduire le débit compte tenu du fait qu'évidemment l'usager est faible voire nul à certaines heures de la nuit, surtout en hiver.Cela prendrait très peu de temps et le coût de ces ajustements serait négligeable, voire nul dans de nombreux cas, à tel point qu'on se demande ce que nous attendons pour résoudre ce problème grave et de longue date, presque exclusivement italien", explique Masi.
En Italie, explique l'astrophysicien, il n’existe aucune loi nationale pour réglementer la question de la contamination lumineuse. Il existe cependant plusieurs lois régionales dédiées, qui permettent d'endiguer en partie le phénomène.
« Naturellement - explique l'astrophysicien - c'est aussi aux citoyens, s'ils sont passionnés par le ciel, rapport aux autorités compétentes, très souvent la police locale, contribuer avec ce sens civique au respect de ces réglementations et c'est vraiment essentiel car cela contribue également aux économies d'énergie réputées.Paradoxalement, la résolution et/ou la réduction de la pollution lumineuse apporteraient rapidement, sans utilisation de ressources, sans dépenses importantes, une contribution fondamentale dans le sens des économies d'énergie".
Bref, l'avenir passe aussi par ici : moins de lumières, un ciel plus clair.Moins de pollution, plus d'économies.
« À une époque où nous pensons, par Dieu sérieusement, à transition écologique, pour rendre l'environnement aussi sûr que possible, bien sûr, il est essentiel de réfléchir également à la sauvegarde de la pureté du ciel nocturne, ou encore sur la limitation de la pollution lumineuse.Pouvoir apprécier la beauté du ciel - conclut Masi - sans la marée excessive de lumière envahissante qui monte vers le ciel depuis le sommet de nos villes, est important d'un point de vue culturel, cela nous reconnecte à un paysage qui a été essentiel depuis des millénaires pour nos ancêtres, il nous permet d'apprécier le théâtre du Cosmos, le firmament objet d'étude d'une des sciences les plus extrêmes, et nous permet de l'étudier au mieux : perdre le patrimoine du ciel, c'est renoncer à une extraordinaire profondeur culturelle, scientifique et humaine“.