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Six ans de prison.C'est ce que les Premiers ministres de Palerme ont demandé à Matteo Salvini, vice-président du Conseil et ministre des Transports et des Infrastructures.Cette demande intervient dans le cadre du procès dans lequel le leader de la Ligue est accusé d'avoir kidnappé les passagers du navire Open Arms en 2019.
L'affaire a eu et a un effet perturbateur sur la politique italienne, avec les accusations classiques contre le « pouvoir judiciaire politisé » et les proclamations sur la « défense des frontières ».En réalité, c’est un scénario que nous avons largement vu et vu au fil des années.Les différences résident dans la gravité des tons et dans le contexte général dans lequel l'affaire est placée.
Ce dont nous parlons dans cet article :
L’affaire Open Arms
En août 2019, le navire Open Arms de l'ONG Proactiva Open Arms est empêché de débarquer dans les ports italiens pendant 19 jours.C’est l’époque du premier gouvernement Conte et du décret de sécurité bis.Décret dans lequel le ministre de l'Intérieur a eu la possibilité d'agir de concert avec les ministres des Transports et de la Défense pour bloquer le transit, l'escale ou l'entrée de navires dans les eaux italiennes pour des « raisons d'ordre et de sécurité » ou en cas de violation des lois contre l'immigration irrégulière.
Une très bonne mesure critiqué par les experts, comme nous l'avions souligné à l'époque, mais qui s'inscrivait dans la stratégie des « ports fermés » annoncée notamment par le ministre de l'Intérieur de l'époque, Matteo Salvini.Derrière ce slogan, l'idée de devoir défendre les frontières italiennes contre l'immigration irrégulière, avec des tons oscillant entre rhétorique sécuritaire et théories du complot sur le « remplacement ethnique ».
C'est dans ce climat et après l'approbation de ce décret que, début août, le navire espagnol Open Arms a procédé au sauvetage de 55 personnes, dont deux enfants, dans les eaux libyennes.Le même jour, comme indiqué Bulletin politique, est signé le décret interministériel qui interdit au navire d'entrer dans les eaux italiennes, sur la base du décret de sécurité bis.
Une lutte acharnée survient dans laquelle le navire exige un point de vente plusieurs fois (lieu de sécurité, ou un endroit sûr pour conclure les opérations de sauvetage), entre l'Italie et Malte voisine, tandis que se retrouve à sauver d'autres naufragés dans les eaux de sauvetage maltaises :le 2 août, il sauva 69 autres naufragés, le 10 août 39 autres.Malte n'accepte que le débarquement de ces derniers, mais on craint cependant à bord du navire que cela puisse créer des troubles entre les différents groupes récupérés, au détriment de la sécurité de la navigation.Entre-temps, certains d’entre eux sont transférés à terre pour des raisons médicales.Les évacuations ont lieu à la fois par les marines italienne et maltaise.
La lutte acharnée se déroule aussi sur le terrain, à travers des avocats et des papiers tamponnés.Le 14 août, le TAR, après un recours des avocats d'Open Arms, a suspendu l'arrêté interministériel du 1er août, "afin de permettre l'entrée du navire Open Arms dans les eaux territoriales italiennes (et donc d'apporter une assistance immédiate aux rescapés". personnes qui en ont le plus besoin)".Mais en même temps, le ministère de l'Intérieur prépare un nouveau décret interministériel, qui n'est cependant pas contresigné par la ministre de la Défense, Elisabetta Trenta, "au nom de l'humanité" et par le ministre des Transports, Danilo Toninelli.Mais le navire n’est toujours pas autorisé à débarquer.En fait, le ministre de l’Intérieur, Salvini, fait obstacle.
C'est ainsi qu'est née une nouvelle lutte acharnée, cette fois entre Salvini et le Premier ministre Conte, qui se sont affrontés sur la possibilité de laisser monter à bord les 27 mineurs :ce n'est que le 18 août qu'ils pourront débarquer.Pendant ce temps, la situation sur le navire devient difficile :certaines personnes, exaspérées par ce séjour forcé et par les conditions hygiéno-sanitaires, vont même jusqu'à se jeter à la mer avec leur gilet de sauvetage, en essayant de rejoindre Lampedusa.Le 17 août, Salvini s'engage à ne pas entraver l'évacuation de ce qu'il appelle des « mineurs présumés ».Le même jour a également lieu l'inspection du parquet d'Agrigente, de la police judiciaire et des médecins de l'USMAF (Offices de santé maritimes, zone frontalière).Le lendemain, les mineurs sont débarqués.
Pendant ce temps, l'Espagne propose un point de vente aux îles Baléares, mais le capitaine du navire refuse l'offre car les conditions des personnes à bord rendaient le voyage difficile.Cela nous amène à l’épilogue du 20 août.Après une nouvelle inspection, le ministère public d'Agrigente ordonne la saisie préventive du navire, débarquant ainsi tous les migrants à bord.
De quoi est accusé Salvini ?
Les crimes reprochés à Salvini concernent la période du 14 au 20 août.Pendant ces six jours, Salvini est accusé d'avoir enlevé 147 personnes, avec les circonstances aggravantes de sa fonction d'agent public et parce que cela s'est produit au détriment de mineurs, et d'omission d'actes officiels.Selon le parquet de Palerme, Salvini a agi de sa propre initiative et en désaccord avec le reste du gouvernement.
Comme le rappelle Paolo Valenti sur Le feu vert, pour justifier l'interdiction d'entrée, Salvini s'est appuyé sur une interprétation de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer :cela permet le passage inoffensif des navires, alors que pour Salvini, dans le cas de l'Open Arms, cela ne pourrait pas être appliqué.L'activité du navire se serait plutôt inscrite dans les cas indiqués par un directive du même ministère, dans lequel les opérations en mer des ONG étaient décrites comme "visant au transfert vers le territoire italien de migrants irréguliers en violation des lois en vigueur sur l'immigration, également sans documents d'identité et en partie venant de pays étrangers à risque de terrorisme".
Thèse cependant rejetée par les procureurs, également parce que ce type de finalité n’a jamais été démontré nulle part.Et parce qu’Open Arms s’est retrouvé à appliquer l’obligation de sauvetage comme l’exige le droit international et maritime.Le principe est aussi fondamental que régulièrement remis en cause par la gestion sécuritaire des phénomènes migratoires :sauver des vies en mer est obligatoire, aucune distinction n'est faite entre un naufragé et un autre ("vous l'enregistrez, vous ne le sélectionnez pas"), les refoulements sont illégaux et les États doivent être guidés par les principes de coopération et de coordination.
Pour son travail en tant que ministre de l'Intérieur, Salvini a été accusé d'enlèvement aggravé dans deux autres cas.La première remonte à août 2018 et implique le navire Diciotti de la garde côtière, exemple concret Salvini a également fait l'objet d'une enquête pour abus de pouvoir.Ici aussi, il y a eu un rebondissement entre l'Italie et Malte, et le navire a été empêché de débarquer pendant plusieurs jours, jusqu'à ce qu'un accord soit trouvé pour la répartition des migrants secourus.Face à la demande de mise en examen, le 20 mars 2019 le Sénat refus d'autorisation de poursuivre.
Le deuxième cas concerne plutôt le navire militaire Gregoretti, qui ont été empêchés de débarquer à Lampedusa pendant quatre jours, jusqu'à ce qu'un accord soit trouvé pour la redistribution des migrants à bord avec d'autres pays.L'épisode s'est produit après l'approbation du décret de sécurité bis précité, ce qui n'était pas applicable aux navires de guerre.Dans cette affaire, face à la demande d'inculpation, le Sénat a voté pour autoriser le processus.Salvini a réagi à cette occasion en disant qu'il avait défendu les frontières et qu'il avait choisi lui-même pour aller au tribunal "confiant dans l'impartialité du pouvoir judiciaire", malgré les tentatives de la gauche d'"éliminer les opposants politiques par la voie judiciaire". Salvini a ensuite été acquitté en mai 2021 :selon le parquet de Catane, il n'y avait aucun détail sur le crime et les choix de Salvini avaient été "partagés par le gouvernement".
Toutefois, pour l’affaire Open Arms, le 26 mai 2020, la commission sénatoriale des immunités a l'autorisation de procéder a été rejetée vers Salvini.Mais l'autorisation a été donnée par le Sénat deux mois plus tard, le 30 juillet.Décisif le vote des sénateurs d'Italia Viva, qui s'était abstenu au Conseil.
La propagande gouvernementale et ses dangers
Avec l’affaire Open Arms, le gouvernement actuel s’est retrouvé entre les mains d’un ministre et chef de parti jugé.Ceci dans un contexte où deux autres membres de l'exécutif sont actuellement mis en examen, Daniela Santanché (fraude à l'État et fausse comptabilité) e Andréa Delmastro (violation du secret de fonction).Avec deux différences importantes.La première est que Salvini a été jugé avant la formation du gouvernement actuel ;la seconde est que l'affaire concerne un thème phare de l'extrême droite, à savoir la « défense des frontières » vantée par les migrants tout d'abord par le leader de la Ligue lui-même.
La réponse a donc été l’ouverture d’un conflit frontal avec le pouvoir judiciaire, un conflit tout sauf sans précédent.Pensons par exemple à campagne de délégitimation contre la juge Iolanda Apostolico, visant à la présenter comme une « juge communiste ».Tout cela pour ne pas admettre l'échec juridique du décret Cutro, démantelé à l'époque par diverses décisions de justice, dont celle de Catane par l'Apostolico lui-même.Face à un problème, la logique du gouvernement et de la majorité est plutôt linéaire dans ses dysfonctionnements :serrer les rangs tout en attaquant l’ennemi.Une ligne qui trouve sa synthèse dans rapports continus sur les complots.
Dans le procès de Salvini, le conflit s'est manifesté avant tout dans les déclarations du président de la République Je recommande Giorgia Meloni et divers membres de la majorité, très semblables les uns aux autres.Salvini est dépeint comme une personne qui agit selon « le mandat reçu des citoyens » pour défendre les frontières et qui risque 6 ans pour cela.Le conflit est politique, et il est recherché par la justice.
Il convient de noter que ce type de message était véhiculé non seulement par les témoignages de personnalités politiques spécifiques, mais aussi par celui du ministère de l'Intérieur, qui a relancé la déclaration de solidarité de Piantedosi avec Salvini.Il devrait y avoir une différence entre les comptes d'une institution et ceux de ses représentants, puisque les premiers n'ont pas de couleur politique, mais comme on l'a vu par le passé cette distinction disparaît souvent avec le gouvernement actuel, à commencer par le ministère de l'Intérieur.
Puis il y a eu la vidéo de Matteo Salvini.Fond noir, discours monotone et costume de croque-mort provincial, le leader de la Ligue aligne tous les cadres du cas."La gauche a décidé que défendre les frontières était un crime", déclare Salvini dans la vidéo, réunissant deux idées chères à l'extrême droite.
La première est que garder les personnes sauvées d'un naufrage sur un navire dans des conditions extrêmes, y compris des mineurs (« présumés », disait alors Salvini, ne l'oublions pas), est comparable à défendre les frontières contre un envahisseur, donnant ainsi une vision de des phénomènes migratoires qui dépassent la logique sécuritaire et conduisent directement à la militarisation de la société.C’est un mépris non seulement du respect de la vie humaine, mais de la réalité elle-même.Car comme le montrent les affaires Open Arms, Diciotti et Gregoretti, qu’il s’agisse de navires d’ONG ou d’organismes étatiques, la rhétorique est la même :le peuple italien doit être défendu même au prix d'affronter d'autres représentants, si cela sert à garantir l'ordre public.
La deuxième idée est que « la gauche » est une force ennemie de cet ordre public et qu’elle contribue effectivement à les affaiblir tous deux.Il l'a fait en votant au Sénat autorisation pour l'essai, peu importe si certains de ces votes provenaient du Mouvement 5 étoiles, l'ancien allié du gouvernement de Salvini.Mais il le fait à travers le contrôle qu’il exercerait sur une partie des institutions, à commencer par le pouvoir judiciaire lui-même.Nous avons donc le paradoxe d'une majorité qui, d'un côté, recourt à la force à travers des lois et des décrets de plus en plus répressifs, se vantant même de pouvoir envoyer en prison les femmes enceintes ;de l'autre, il crie malheur, car il ne parvient pas à les faire respecter, à cause de la faute du pouvoir judiciaire de gauche.
✅ Enfin la prison pour les pickpockets qui volent en exploitant les jeunes enfants ou la grossesse :celui qui commet une erreur paie, des paroles aux actes ! pic.twitter.com/kEFhybyXAR
– Matteo Salvini (@matteosalvinimi) 12 septembre 2024
Salvini lui-même est emblématique de cet apparent paradoxe, si l’on pense à la facilité avec laquelle il recourt aux plaintes contre ceux qui le critiquent.Ces derniers jours, il a en effet porté plainte pour la deuxième fois Roberto Saviano, pour un post dans lequel l'écrivain l'accusait d'avoir menti sur Carola Rackete.Si l'Italie est à la merci deétablissement Intellectuel de gauche, justice politisée et ONG favorables aux « invasions », que doit représenter une telle plainte ?Un geste d'espoir pour qu'un juge puisse être trouvé à Rome plutôt qu'à Berlin ?
Mais plus que des analyses techniques voire des parodies d'un certain ridicule sous-jacent, la vidéo devrait nous intéresser par ses finalités et ses destinataires.Salvini veut nous dire qu'on ne peut pas se défendre contre les accusations du procès :la publication de la vidéo a eu lieu le jour où les procureurs ont requis une peine de 6 ans de prison contre lui, mais aussi le jour où il ne s'est pas présenté au tribunal.Bref, si justice existe, elle doit être recherchée en dehors de ces salles de classe.De plus, l’utilisation de sous-titres anglais dans la vidéo indique clairement que les destinataires sont à l’étranger.En effet, Salvini a reçu en quelques jours la solidarité du Premier ministre hongrois Viktor Orbán et d’Elon Musk.C'est-à-dire le plus autocratique des dirigeants de l'Union européenne et un entrepreneur qui, après avoir acheté Twitter il a ouvert la plateforme aux suprémacistes, devenant lui-même le principal influenceur d’extrême droite à l’échelle internationale.
Bravo! https://t.co/T60YpqtxxJ
– Elon Musk (@elonmusk) 17 septembre 2024
La bataille que le gouvernement est en train de mettre en place se joue davantage en Europe qu'à Palerme.Ce qui est particulièrement inquiétant, c’est l’effondrement de l’arc politique qui devrait offrir des alternatives à l’extrême droite en matière de politiques migratoires.À un moment extrêmement malheureux, au moment même où Salvini et la majorité montaient un nouveau spectacle, le Premier ministre britannique Keir Starmer, du parti travailliste, est venu en Italie pour rencontrer Giorgia Meloni et discuter de la manière de mettre en œuvre le "Modèle Albanie» pour la gestion des migrants, suscitant également des critiques de ses propres rangs. Une victoire politique et communicative pour Meloni, et un signe de défaite terrible pour le front progressiste, qui va de pair avec l'intérêt exprimé par le L'Allemagne de Scholz et d'un glissement de terrain inexorable au niveau européen.
Dans ce cas particulier, la convergence est encore plus inquiétante si l’on considère que fin juillet, Starmer s’est retrouvé confronté à un baptême du feu pour son gouvernement nouvellement installé : pogroms xénophobes attisée par des militants d'extrême droite et des néofascistes.Après la première réponse aux émeutes, au cours desquelles La mobilisation de la société civile a également joué un rôle, l'initiative politique la plus importante du gouvernement travailliste a en pratique abouti à la recherche d'une modeste main de fer à brandir contre les migrants et les demandeurs d'asile. Les invitations à une opération vérité sur la façon dont ces catégories sont désormais devenues un bouc émissaire ou une véritable cible n'ont pas été acceptées.On comprend alors pourquoi l’extrême droite, qu’elle soit dans l’opposition ou au gouvernement, insiste avec un zèle terrifiant sur le même scénario :parce que ça marche.
Image d'aperçu :cadre vidéo Il Sole 24 Ore via YouTube