https://www.open.online/2024/08/18/eolico-offshore-galleggiante-potenziale-industria-made-in-italy
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Deux chiffres suffisent pour comprendre l'énorme potentiel, exploré jusqu'à présent, de l'énergie éolienne offshore en Italie.Le premier est de 8 300 et équivaut à la longueur totale du littoral italien mesurée en kilomètres.Le deuxième chiffre est 10 et indique le nombre d’éoliennes actuellement en activité en mer.À ce jour, il n’existe qu’une seule centrale de production d’énergie éolienne offshore en Italie.Il s'appelle « Beleolico » et a été construit par Renexia au large de Tarente, dans les Pouilles.Contrairement à ce qui se passe en mer du Nord, en naviguant autour de la Méditerranée, il est assez rare de croiser des éoliennes installées dans l'eau et la raison est assez simple.La mer qui sépare l’Europe continentale de la Scandinavie et du Royaume-Uni présente des profondeurs très faibles, même à plusieurs dizaines de mètres des côtes.Une caractéristique qui le rend idéal pour fixer les éoliennes au fond marin.En Méditerranée, cependant, nous devons faire face à des profondeurs nettement plus difficiles, qui ont jusqu’à présent freiné les investissements et les projets.
L'éolien offshore ?Oui, mais flottant
Il existe une solution : l’énergie éolienne offshore flottante.La différence par rapport aux systèmes traditionnels, comme son nom l'indique, réside précisément dans le fait que les éoliennes ne sont pas fixées au fond marin, mais installées sur des plateformes qui flottent sur l'eau.Cette fonctionnalité simple apporte une cascade d’avantages.Le premier est d’ordre paysager :le positionnement des parcs éoliens à plusieurs kilomètres des côtes rend les éoliennes quasiment invisibles depuis le continent, supprimant (ou quasiment zéro) l'impact sur le paysage.Le deuxième avantage concerne la puissance des éoliennes, bien plus grandes que celles installées à terre et donc capables de générer beaucoup plus d'énergie (presque trois fois par rapport aux parcs éoliens traditionnels).Ensuite, il y a la question relative aux infrastructures :la possibilité de construire des éoliennes flottantes signifie que la seule construction à construire sur terre est une structure pour relier les câbles.Enfin, en matière de pêche, l'impact est somme toute négligeable.En effet, les opérateurs du secteur éolien offshore promettent que les centrales de production d’énergie contribueront à lutter contre le chalutage, qui sera interdit dans toute l’Union européenne à partir de 2027.
Un secteur en ébullition
Selon le Global Wind Energy Council, l’Italie représente le troisième marché mondial pour le développement de l’éolien offshore flottant.L'École polytechnique de Turin parle d'un potentiel de 207,3 GW, mais c'est un chiffre à prendre avec des pincettes.Non pas parce qu’il n’est pas fiable, mais parce qu’il fait référence à l’énergie qui pourrait être produite si des éoliennes étaient placées dans chaque zone marine jugée appropriée.En tout cas, le potentiel est là.Et jusqu’à présent, il semble que les entreprises du secteur l’aient remarqué avant même le gouvernement italien.Entre 2020 et 2023, les demandes de connexion au réseau éolien offshore ont été multipliées par 19, atteignant et dépassant les 100 gigawatts.«Cela ne veut pas dire qu'ils seront tous réalisés, ce qui compte ce sont les objectifs fixés par le gouvernement», précise Simone Togni, présidente de l'Anev, l'association nationale de l'énergie éolienne.Et les objectifs du gouvernement contiennent en fait des projections pour le moins plus prudentes.Au Pniec, le plan national intégré énergie et climat, l'exécutif dirigé par Giorgia Meloni indique un objectif de 2,6 GW pour l’éolien offshore d’ici 2030.La véritable croissance, explique Togni, aura lieu au cours de la prochaine décennie, avec une capacité globale pouvant atteindre 11 GW en 2040 et même 30 GW en 2050.
Parmi les entreprises engagées dans l'introduction de l'éolien offshore flottant en Italie figurent également Nadara (anciennement Falck Renewables) et BlueFloat Energy, qui visent à construire six parcs éoliens marins :deux dans les Pouilles, trois en Sardaigne, un en Calabre.«L'investissement global est de 18 milliards d'euros, pour une capacité installée de 5,5 GW qui produira 18 milliards de kilowattheures par an lorsqu'elle sera pleinement opérationnelle, soit l'équivalent d'un tiers de l'électricité que nous importons annuellement de l'étranger», explique-t-il à Ouvrir Danièle Caruso, directeur de projet du partenariat entre Nadara et BlueFloat Energy.Les deux sociétés estiment un potentiel d'emploi de plus de 20 000 travailleurs rien que pour leurs projets et la réduction de plus de 11 millions de tonnes de dioxyde de carbone rejetées dans l'atmosphère par an.«Les deux projets les plus avancés sont ceux des Pouilles, d'Odra et de Kailia, qui seront construits au large de Lecce et de Brindisi.Nous estimons que nous serons prêts à commencer les travaux en 2027, pour commencer à produire de l'énergie d'ici la fin de cette décennie", ajoute Caruso.
L'énergie éolienne offshore en Italie et dans le monde
L’Italie, comme mentionné, est l’un des pays ayant le plus grand potentiel au monde en matière d’éolien offshore flottant, ce qui pourrait apporter une aide considérable dans le long chemin vers la décabornisation du système énergétique.À ce jour, par exemple, la Sardaigne, la Sicile et les Pouilles sont nettement en retard par rapport aux objectifs en matière d'énergies renouvelables fixés pour 2030.Cependant, ces trois mêmes régions sont aussi celles qui pourraient accueillir le plus grand nombre de parcs éoliens offshore flottants.«Cette technologie nous permet d'ouvrir un marché important au niveau international et le potentiel pour l'Italie est énorme», observe Simone Togni.Avec plus de 30 GW installés fin 2022, la Chine occupe aujourd’hui la première place mondiale pour l’énergie éolienne offshore installée, aussi bien à fond fixe que flottante.Viennent ensuite le Royaume-Uni, avec 13,8 GW, et l'Allemagne, avec 8,1 GW installés.Cette technologie joue également un rôle de premier plan dans Pacte vert Européenne, la stratégie à travers laquelle Bruxelles ambitionne de révolutionner son économie et d’éliminer les émissions d’ici 2050.Fin 2023, la Commission européenne a présenté son plan d'action pour l'éolien offshore, qui vise à accélérer les processus d'autorisation et à libérer le potentiel jusqu'ici inexprimé de nombreux pays européens.
Une supply chain à construire
Au-delà des bénéfices environnementaux incontestables, le développement de l’éolien offshore flottant ouvre les portes d’un marché potentiellement énorme, au point que depuis quelques années on parle de la manière de créer une véritable supply chain.La bonne nouvelle pour l’Italie est que cette technologie active certains secteurs industriels clés pour notre pays.Tout d’abord, la métallurgie :avec 21,6 millions de tonnes produites, l'Italie est le deuxième producteur d'acier parmi les pays de l'UE (après l'Allemagne).Notre pays est également en première position dans la production de navires et de bateaux, élément essentiel pour permettre l'assemblage et le transport des éoliennes.En bref, contrairement à ce qui se passe avec le photovoltaïque, le développement de l'éolien offshore a pu compter sur le soutien et l'expérience de certaines entreprises italiennes leaders dans leurs secteurs d'expertise respectifs.Selon une récente étude de la Maison Européenne – Ambrosetti, cette technologie active cinq secteurs clés du Made in Italy (matériaux de construction, produits métalliques, mécanique avancée, construction navale, équipements électriques), qui emploient déjà aujourd'hui 1,3 millions de travailleurs pour une valeur totale de 255,6 milliards d'euros.
Les obstacles
En tout cas, les difficultés ne manquent pas.«Pour atteindre les objectifs fixés pour 2030, l'Italie devrait doubler sa production d'acier», explique Simone Togni.Aujourd'hui, ajoute le président de l'Anev, « aucun producteur d'éoliennes, de câbles ou flotteurs est en mesure de fournir les quantités nécessaires.Se pose ensuite la question des ports, où s'effectuent l'essentiel des activités d'assemblage des turbines.À l’heure actuelle, il n’existe aucun port en Italie répondant aux exigences requises pour développer un projet éolien offshore flottant, et l’adaptation des structures coûte plusieurs dizaines de millions d’euros.Le décret gouvernemental sur l'énergie vise à équiper deux ports, mais selon les opérateurs du secteur, "au moins quatre, voire six" seraient nécessaires.Parmi les autres obstacles à prendre en compte figurent l'absence d'une planification stratégique nationale de l'espace maritime, qui a déjà coûté à l'Italie un recours devant la Cour de justice de l'UE, et la nécessité d'investir dans des infrastructures de réseau capables de gérer les flux. d'énergie générée par les nouvelles centrales offshore.Bref, le chemin est encore long.Mais le potentiel est bel et bien là et il serait vraiment dommage de le gâcher.
Crédits photos de couverture :Temps de rêve/Artur Kutskyi