https://www.open.online/2024/07/03/pniec-italia-cosa-prevede-rinnovabili-nucleare
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L’énergie nucléaire fait également partie de la stratégie que le gouvernement italien entend suivre pour atteindre zéro émission nette d’ici 2050.Lundi 1er juillet, le ministère de l'Environnement dirigé par Gilberto Pichetto a envoyé le nouveau à Bruxelles Pniec, c’est-à-dire le Plan National Intégré Énergie et Climat.Un document de 491 pages, qui contient la stratégie de l'exécutif sur l'efficacité énergétique, les sources renouvelables et la réduction des émissions liées au changement climatique.«Un outil de planification qui trace avec beaucoup de pragmatisme notre trajectoire énergétique et climatique» et qui suit une approche «technologiquement neutre», promet le ministre Pichetto.Ce qui signifie qu'il prend en considération « toutes les sources d'énergie, sans exclusions ».Pourtant, il y a de bonnes raisons de croire que la Commission européenne aura quelque chose à dire sur le Pniec envoyé par le gouvernement italien, ne serait-ce que parce que certains des défauts mis en évidence dans le "bulletin scolaire" de l’année dernière ont été proposés à nouveau, comme c’est également le cas dans la version mise à jour du document.
Le retour de l'atome
La principale innovation du nouveau Pniec, dont la dernière version remonte à 2019, réside précisément dans retour de l'énergie atomique.Le Plan confirme en effet la volonté du gouvernement Meloni de se concentrer sur un mix renouvelable-nucléaire, qui permettrait de garantir « la sécurité du système électrique » et la « stabilité des prix ».Les travaux menés par l'exécutif avec la Plateforme nationale pour une énergie nucléaire durable (PNNS) consistent tout d'abord à évaluer le potentiel de nouveaux petits réacteurs modulaires, encore embryonnaires mais moins chers et plus rapides à construire que les grandes centrales.Le Pniec envisage deux scénarios pour la décarbonation du système énergétique italien :un avec et un sans nucléaire.Dans le premier scénario, on estime que l’énergie produite par l’atome pourrait couvrir de 11 à 22 % de la demande totale en 2050.En termes absolus, cela représenterait une capacité de production nucléaire de 8 ou 16 GW.Toutefois, pour que ce scénario se réalise, des « changements législatifs appropriés et nécessaires » sont également nécessaires.
La poussée vers les énergies renouvelables
La contribution la plus importante à la réduction des émissions viendra des énergies renouvelables, qui couvrent aujourd'hui 19,2 % de la consommation finale d'énergie.D’ici 2030, le gouvernement ambitionne de porter ce pourcentage à 39,4 %.Plus précisément, les sources renouvelables devront couvrir 63 % de la consommation d’électricité, 36 % de la consommation de chauffage et de refroidissement, 34 % des transports et 54 % de l’hydrogène utilisé dans l’industrie.Pour atteindre tous ces objectifs, l'Italie devra pouvoir compter sur une capacité renouvelable d'environ 131 gigawatts, dont 80 photovoltaïques, 28 éoliens, 19 hydroélectriques, 3 bioénergies et 1 géothermique.Cela représente près du double de la capacité renouvelable de 2021, qui s’élevait à 74 gigawatts.
Transports et biocarburants
Si le Pniec préparé par le gouvernement italien respecte les objectifs européens en matière d'énergies renouvelables, on ne peut pas en dire autant des autres domaines d'intervention.Dans le secteur des transports, par exemple, le document Mase parle de la nécessité d'investir dans l'électricité, dans la « réduction de la mobilité privée », mais aussi dans les biocarburants, qui - lit-on - « joueront déjà un rôle clé à court terme ». ainsi que contribuer à la décarbonation du parc existant.Le problème est que cette technologie a été « rejetée » par l’Union européenne.Le règlement qui prévoit l'arrêt des ventes de voitures neuves essence et diesel à partir de 2035 laisse la porte entrouverte aux carburants synthétiques (fortement demandés par l'Allemagne) mais pas aux biocarburants (demandés par le gouvernement italien).
La question des émissions non industrielles
Les transports ne sont pas le seul domaine sur lequel la Commission européenne pourrait avoir des objections lors de l'évaluation du Pniec italien.L’autre point sensible concerne les émissions de gaz à effet de serre.La réglementation européenne fait une distinction très claire entre deux types d'émissions.D'une part, il y a ceux liés àSystème d’échange de quotas d’émission (ETS), c’est-à-dire le système d’échange de quotas d’émission qui concerne les secteurs industriels les plus énergivores.D'un autre côté, il y a les secteurs « non-ETS », à savoir les transports, le civil, l'agriculture, les déchets et la petite et moyenne industrie.D’ici 2030, l’Italie prévoit de réduire les émissions nocives dans ces cinq secteurs de 40,6 % par rapport aux niveaux de 2005.Une valeur inférieure à ce qu'exigeraient les objectifs européens (-43,7%).Pour atteindre cet objectif, lit-on dans le Pniec, "un effort extrême" sera nécessaire.Bref, les mesures imposées d’en haut ne suffiront pas.Nous aurons également besoin « d’un changement substantiel de style de vie et de consommation vers des comportements caractérisés par une plus grande efficacité énergétique et des émissions plus faibles ».
Rénovations et pompes à chaleur pour bâtiments
Dans les 491 pages du document, on trouve également quelques mentions du captage et du stockage du CO2, une technologie actuellement très coûteuse et qui a donné peu de résultats.Et puis il y a la question de l'amélioration de l'efficacité des bâtiments, devenue encore plus d'actualité avec les polémiques autour du Superbonus et du directive « maisons vertes ».Sur ce front, le gouvernement insiste sur la nécessité d'accélérer les interventions de requalification énergétique mais vise également une large diffusion des pompes à chaleur, une technologie considérée comme beaucoup plus efficace et durable que les chaudières traditionnelles et qui, selon le gouvernement, devrait devenir le « système principal ». du chauffage à installer".
Et adieu aux énergies fossiles ?
La précédente version du Pniec italien, envoyée à Bruxelles l'année dernière, avait rencontré quelques critiques par la Commission européenne.L'une des principales questions soulevées par Bruxelles concernait l'adieu aux énergies fossiles.Avec la Croatie et la Slovaquie, l'Italie est le seul pays qui envisage d'augmenter sa production nationale de gaz naturel.Pourtant, dans la version mise à jour du Pniec, il ne semble y avoir aucun signe de doute de la part du gouvernement.En effet, le document actualisé insiste sur le fait que « le gaz continuera à jouer un rôle déterminant pour le système énergétique national pendant la période de transition énergétique ».Cette fois encore, il ne semble pas y avoir de date à laquelle le gouvernement italien s'engage à s'affranchir définitivement des énergies fossiles.La seule source pour laquelle des informations plus précises sont fournies est le charbon, qui selon les plans du gouvernement sera définitivement abandonné d'ici 2028.
Critiques des oppositions et des écologistes
Les partis d'opposition ont attaqué la stratégie esquissée par le gouvernement du Pniec, critiquant surtout le choix de se concentrer sur l'énergie atomique.«Aujourd'hui, nous renonçons à créer les conditions d'une transition au bénéfice des entreprises, des familles et des citoyens alors que, comme toujours, les intérêts des industries fossiles et nucléaires sont soutenus», attaque Sergio Costa, député du Mouvement 5 étoiles et ancien ministre de l'Environnement.Une position similaire vient également du Parti démocrate, qui définit la poussée du gouvernement en faveur de l'énergie nucléaire comme une « arme de distraction massive ».Tandis que les principales associations environnementales accusent le gouvernement d'avoir élaboré un document « irrationnel et non participatif » qui ne permettra pas à l'Italie d'atteindre ses objectifs climatiques à l'horizon 2030.«Le Pniec italien ralentira encore davantage le processus de transition, avec des investissements publics inutiles dans des technologies irréalisables et coûteuses qui posent de graves problèmes environnementaux», affirment Greenpeace Italia, Kyoto Club, Legambiente, Transport&Environment et WWF Italia dans une note commune.La référence, dans ce cas également, est à l'énergie nucléaire, ce qui rendrait « totalement irrationnelle » la stratégie du gouvernement italien.
Crédits photos de couverture :Dreamstime/Václav Volrab