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Entre le 13 et le 14 septembre, près de 7 mille migrants ont débarqué à Lampedusa en 48 heures, mettant en crise l'approche politique de gestion des flux migratoires du gouvernement Meloni qui, immédiatement après son entrée en fonction, a publié un série de décrets, selon l'exécutif, pour lutter contre l'immigration clandestine, mais qui suppriment en pratique l'accès aux droits des citoyens étrangers.La décision la plus sensée aurait été de ne pas démonter le système Sprar et garantir un accueil généralisé sur tout le territoire national, pour éviter avant tout la surpopulation des points chauds frontaliers et apporter une aide concrète aux migrants.
Ils semblent de plus en plus hors de la réalité déclarations du Premier Ministre qui a exprimé sa satisfaction du travail d'équipe de l'ensemble du Gouvernement pour faire face à "l'urgence migratoire et trouver des solutions concrètes à la forte pression exercée par les flux d'immigrants irréguliers sur nos côtes".Un peu comme pour suggérer que l'objectif du passage quotidien de centaines d'étrangers est de faire pression sur les côtes italiennes, et non d'échapper aux conflits, à la pauvreté et à la dégradation de l'environnement.
Quelques jours plus tôt, le 15 septembre, le Premier ministre avait évoqué dans une vidéo un « changement de paradigme » qui n'est autre que le rejet massif des migrants et la « défense des frontières extérieures ».Dans 6 minutes de discours il n'y a même pas de référence à la question des droits de l'homme - Meloni les appelle des "intérêts idéologiques", l'existence d'un régime oppressif en Tunisie et un message glaçant est envoyé aux migrants :"Si vous entrez illégalement en Italie, vous serez arrêté et rapatrié."
Et ça va dans ce sens arrangement déconcertant publié au Journal Officiel qui demande aux demandeurs d'asile (qui ne souhaitent pas être détenus dans un centre de rapatriement jusqu'à l'issue de l'examen du recours contre le rejet de la demande) de payer une sorte de caution de près de 5 mille euros.Une sorte de chantage qui va à l'encontre des règles européennes qui régissent l'asile politique et qui démontre également que les demandeurs d'asile entrent au CPR, contrairement à ce que dit Meloni", comme il le souligne le juriste Vitalba Azzolini.
Le ton de Meloni rejoint les déclarations du ministre Lollobrigida qui il avait repêché la théorie du complot de « substitution ethnique » ou avec ceux du ministre Salvini qui définissait l'arrivée de migrants sur nos côtes comme un « acte de guerre »:une histoire que la droite et l’extrême droite du monde entier affectionnent de plus en plus.Dans un climat de clôture du dialogue en Europe et de manque de solidarité entre les pays, l’exécutif continue avec la main dure, ou plutôt avec l’incapacité politique totale à gérer les flux migratoires dans le respect du droit international.Pendant ce temps, la médiatrice européenne, Emily O'Reilly, a ouvert une enquête sur le respect des droits de l'homme dans l'accord signé par l'UE et la Tunisie le 16 juillet de cette année.
Ce dont nous parlons dans cet article :
Renforcer le système de RCR
La direction vers laquelle ce gouvernement dirige toutes ses forces a trouvé son expression dans la résolution sur le décret du Sud, publié hier au Journal Officiel, avec lequel l'exécutif du 18 septembre il a annoncé de nouvelles restrictions pour lutter contre les entrées irrégulières en Italie.Le décret prévoit d'étendre "dans la mesure permise par la législation de l'Union européenne" à 18 mois la durée de séjour dans les CPR (Centres permanents de rapatriement) des étrangers non demandeurs d'asile pour lesquels existent des "besoins spécifiques".L'intention du gouvernement est de rapatrier autant de migrants que possible ;Cependant, les chiffres de 2014, année au cours de laquelle le séjour maximum était de 18 mois, démontrent à ce jour qu'il n'y a pas de corrélation entre la durée du séjour dans les centres et les rapatriements.
LE Centres permanents de rapatriement il s'agit de structures supervisées par des militaires, dans lesquelles sont emmenés des citoyens non européens sans papiers réguliers ou ayant déjà reçu un ordre d'expulsion.Actuellement, la limite de séjour au CPR est de 3 mois, qui sera désormais prolongée par des prolongations trimestrielles ;cependant, il n'est pas expliqué sur la base quels éléments seront étendus et qui s'en chargera, étant donné l'énorme charge de travail bureaucratique à laquelle l'administration publique est soumise.
Là encore, l'idée du gouvernement est de construire un CPR dans chaque Région (il existe actuellement une dizaine de centres actifs) :essentiellement, doubler les installations de détention et de détention pour les migrants irréguliers, avec le spécification de les réaliser « dans des zones peu peuplées et facilement surveillées ».Étant donné que le projet est pratiquement irréalisable, des discussions sont déjà en cours sur le transfert des migrants dans des casernes désaffectées et abandonnées, voire dans des camps de tentes.
Le système de RCP fut immédiatement un échec total à deux égards :celui de respect des droits fondamentaux des citoyens étrangers et celui des rapatriements, objectif pour lequel ils ont été créés.En 2022, contre 28 mille arrêtés d'expulsion, 2 900 citoyens étrangers ont été rapatriés. Les rapatriements forcés ne fonctionnent pas, car il faut l’acceptation de l’État d’origine, qui ne décide presque jamais de collaborer.Cependant, lorsqu'ils collaborent, les pays concluent des accords – essentiellement économiques – avec l'Italie pour rapatrier certains citoyens.
En lisant les journaux de ces derniers jours, il apparaît très clairement que la « question des migrants » ne concerne qu'un seul aspect :ne laissez pas les migrants débarquer en Italie.Et outre l’illusion de pouvoir apprivoiser et contrôler les flux migratoires, cela témoigne d’une totale indifférence à l’égard du véritable enjeu de l’immigration :respect des droits de l'homme.Renforcer le système CPR, c’est traiter les citoyens étrangers comme des numéros, comme des marchandises entassés dans des lieux dégradés et totalement impropres à une vie digne.Diverses associations, dont l'ASGI, ils rapportent depuis des années l'absence de protection des migrants détenus, l'administration massive de psychotropes et les traitements inhumains infligés par les forces de police qui gardent les centres, qui au fil des années sont devenus de véritables prisons.
Et le fait que le gouvernement se soit distancié de toute politique visant à protéger les droits des migrants est également démontré par la disposition d’application du décret Cutro, une nouvelle discrimination sur une base économique qui s’ajoute à celle déjà subie par les migrants dans leur pays d’origine.La nouvelle mesure prévoit que les migrants en provenance d'un pays sûr doivent payer une somme de 4.938 euros, via une garantie bancaire individuelle, pour éviter d'attendre en détention l'examen de leur demande d'asile, qui le sera dans « 28 jours ».Les centres de détention ne seront pas forcément des CPR, mais rien n'est précisé sur ce point, et avec les hotspots déjà surpeuplés, on peut raisonnablement penser que ces migrants seront également transférés vers des Centres de Rapatriement.La directive de l'exécutif prévoyait essentiellement la détention également des demandeurs d'asile.
Dès une première lecture de la norme, il est facile d’identifier un problème pratique :Quel migrant arrive en Italie avec un document valable pour une garantie bancaire ?L'opposition a immédiatement exprimé de forts doutes et critiqué cette disposition qui fonctionne comme une présomption législative :si un migrant vient d'un pays sûr, comme le Niger ou la Tunisie, il n'aura probablement pas l'asile politique et devra être expulsé et rapatrié le plus rapidement possible.Cet automatisme est contraire au droit international, mais avant cela, aux règles et principes constitutionnels européens :c'est du chantage économique pour pouvoir exercer un droit fondamental.
Les prévisions du gouvernement Meloni, bien que manquant de détails techniques et de mise en œuvre, provoquent des inégalités à plusieurs niveaux :il est raisonnable de croire, en effet, que très peu de migrants parviennent à arriver en Italie avec près de 5 000 euros, en raison de leurs conditions socio-économiques de départ.De plus, les femmes avec enfants ou les très jeunes migrants sont beaucoup moins susceptibles de disposer d’un montant similaire.Ce que l'exécutif a défini comme une « garantie financière » est en réalité un multiplicateur d'inégalités, capable de provoquer des discriminations même dans le pays d'origine.
Enfin, il y a le facteur d’extraterritorialité.En fait, ce n'est qu'en obtenant l'asile (ou au moins en bénéficiant de la suspension du refus de la Commission Territoriale) qu'on est "admis sur le territoire national".Ce qui suggère que les frontières sont des lieux extra-étatiques, où, de fait, il n’existe aucune juridiction et par conséquent aucune protection pour l’exercice pacifique des droits fondamentaux, déjà mis à l’épreuve pour les migrants.Des mesures similaires créent volontairement un vide législatif et juridictionnel et exposent les migrants à des actes discrétionnaires et potentiellement préjudiciables, tout en les privant de la liberté de mouvement et du droit de demander une protection internationale avec les protections nécessaires. Selon ASGI, l'externalisation des frontières, lieux clés des routes migratoires, est précisément l'ensemble des mesures politiques et économiques visant à « rendre juridiquement et substantiellement inadmissibles leur entrée ou leur demande de protection sociale et juridique ».
Le retrait des « pratiques » des migrants aux frontières
Comme déjà vu avec le Décret Caivano, et avant cela le Décret Cutro, le gouvernement a répondu aux arrivées sur les côtes de Lampedusa par des décrets et des réglementations sévères, dans l'illusion que des sanctions plus élevées entraînent une plus grande légalité.UN un autre point du Palais Chigi, en effet, on a annoncé - on ne sait pas encore à quelle époque et de quelle manière - la préparation de zones de détention sur les côtes, notamment en Calabre et en Sicile, pour traiter les dossiers des migrants "dans un délai d'une semaine" à partir du arrivée en Italie.Le processus comprendra un examen très rapide qui conduira soit à l'octroi du statut de réfugié, soit au rapatriement vers le pays d'origine, avec toujours les mêmes problèmes avec les pays d'origine.Même l'hypothèse selon laquelle des permis de séjour pour protection internationale seraient délivrés ne semble pas cohérente avec le fait que de nombreux migrants arrivent, comme c'est normal, sans papiers et qu'à peine "une semaine" après leur arrivée en Italie, il serait difficile de croire qu'ils soient en mesure de obtenir une assistance juridique appropriée, un soutien psychologique ou un interprète pour demander le statut de réfugié.
Comme pour le CPR, le Gouvernement n'est pas suffisamment clair et met en œuvre des stratégies sécuritaires en confiant toute la gestion des flux migratoires sur les côtes à la seule police et en supprimant les figures professionnelles nécessaires à un accueil respectueux des droits constitutionnels et fondamentaux.L’objectif de ces hotspots est clairement d’identifier et d’expulser automatiquement les « migrants économiques » – majoritaires – qui n’entrent pas dans la définition des réfugiés.Une distinction qui ignore totalement le caractère multifactoriel qui sous-tend la migration et viole l’un des principes clés du droit humanitaire, à savoir l’évaluation nécessaire et minutieuse de la demande d’accueil de chaque citoyen étranger.
Les « faux mineurs » qui font peur au Gouvernement
Un dernier point sur lequel travaille l'exécutif est de faciliter l'expulsion des mineurs étrangers, qui en Italie sont plus de 20 mille et en constante croissance.La situation des mineurs étrangers non accompagnés (MSNA) arrivant dans notre pays est une situation d’énorme vulnérabilité, puisque l’absence de figure parentale de référence s’ajoute aux difficultés rencontrées par toutes les personnes issues de la migration.Le système d’accueil des mineurs en Italie, qui devrait assurer une plus grande protection à ces migrants en fonction de l’intérêt supérieur du mineur, s’effondre :les places disponibles dans le SAI (Système d'Accueil et d'Intégration) sont insuffisantes et les autorités ont décidé de s'écarter des limites légales, permettant d'héberger jusqu'à 25 % de mineurs en plus dans chaque établissement.La situation est également aggravée par une répartition inégale des mineurs sur le territoire, dont 21 % restent en Sicile, et par les « mineurs disparus », qui s'échappent des centres surpeuplés et dont personne ne s'occupe.
Le gouvernement a cependant concentré son attention sur les « faux » mineurs :comme il arrive souvent que les migrants n'aient pas de date de naissance vérifiable sur leurs documents d'identité, le gouvernement entend s'opposer à l'entrée de ceux qui, pour « profiter des avantages accordés aux mineurs qui entrent dans le pays », déclarent un âge inférieur que ça « évident ».Dans ce cas également, des enquêtes et des contrôles seront envisagés "lorsque la différence entre l'âge déclaré et l'apparence physique est manifestement contradictoire".
L'objectif de l'exécutif contraste clairement avec l'interdiction du refoulement qui devrait toujours être réservée aux mineurs non accompagnés et aux sujets vulnérables, ainsi qu'avec le fait qu'une règle doit être suffisamment claire et non générique pour être comprise et appliquée.Par ailleurs, dans le langage juridique, l'utilisation de termes tels que « manifestement contradictoires » n'est pas acceptable, car le législateur ne peut pas laisser une marge d'appréciation subjective aux autorités frontalières :Comment distingue-t-on l’âge de la majorité ?Sur base de quelles caractéristiques ?
La mesure du gouvernement apparaît encore plus discriminatoire au vu de la Condamnation de la CEDH contre l'Italie en 2022, pour avoir refusé la demande de protection internationale à un citoyen gambien de 17 ans, considéré à tort comme un adulte par les autorités.Dans l'indifférence qui caractérise la protection des migrants mineurs, les forces de la police des frontières doivent décider si les mineurs doivent être accueillis, comme l'exige le droit international auquel l'Italie a adhéré, ou s'ils doivent être rapatriés vers des gouvernements dictatoriaux ou des pays détruits par le changement climatique et conflits internes.Cela aurait pu être une bonne occasion de s'occuper enfin des centaines de mineurs étrangers non accompagnés, c'est devenu au contraire une opportunité pour expulser les "faux mineurs".