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La première audience a eu lieu le matin du 16 février cause climatique intentée contre la multinationale italienne des fossiles ENI, Cassa Depositi e Prestiti et Ministère de l'Économie et des Finances.Les accusations ont été portées en mai dernier par 12 citoyens et par les organisations Greenpeace Italia et ReCommon.Le chien à six pattes, en particulier, a été traduit en justice pour "les dommages causés et les dommages futurs résultant du changement climatique, auxquels il a contribué par son comportement au cours des dernières décennies, en continuant à investir dans les combustibles fossiles".L'objectif des organisations est d'obliger ENI à revoir en profondeur sa stratégie industrielle dans le but de réduire les émissions dérivées de ses activités. d'au moins 45 % d'ici 2030 et par rapport aux niveaux de 2020.Par ailleurs, les écologistes exigent que le ministère de l'Économie et des Finances « soit obligé d'adopter une politique climatique qui guide sa participation à la société conformément à l'Accord de Paris ».Les associations sont convaincues que les preuves scientifiques, désormais accablantes, sur la responsabilité des entreprises de combustibles fossiles dans la crise climatique, contribueront à gagner le conflit.De nombreux avocats spécialisés dans les litiges climatiques affirment, entre autres, que les documents associés à l’affaire ENI démontrent que l’entreprise avait une compréhension claire des risques posés par la combustion de ses hydrocarbures il y a un demi-siècle.
En revanche, le géant de l'énergie a décidé de faire appel à deux consultants déclarés "experts indépendants" mais qui, selon les organismes, ils ne le seraient pas du tout.Carlo Stagnaro, actuel directeur d'études et de recherches à l'Institut Bruno Leoni, un groupe libéral, rédige en première ligne les avis techniques de la défense. connu pour son scepticisme face au changement climatique.L'Institut, en particulier, aurait une relation intime avec la coalition américaine Têtes plus froides, qui a œuvré pour promouvoir le déni climatique aux États-Unis et a même joué un rôle dans la décision de Trump de retirer le pays de l’Accord de Paris.En outre, en 2008, l'institut a contribué à l'organisation de l'événement « Le réchauffement climatique n'est pas une crise » à New York.Sans compter qu’en 2010, il a reçu des dons directement du géant fossile Exxon et d’ENI elle-même.Mais cela ne s'arrête pas là.L'autre expert consulté par le Chien à six pattes est Stefano Consonni, professeur titulaire de systèmes énergétiques et environnementaux avec une profonde relation professionnelle avec au moins trois grandes compagnies pétrolières, y compris ENI elle-même.«Depuis plus de vingt ans – expliquent les organisations – son nom apparaît comme chercheur principal ou participant à des études financées, pour ne citer que quelques cas, par ENI, Exxon Mobil Corporation et BP, la compagnie pétrolière britannique».
Quelle que soit la ligne que suivra la défense, les accusations portées par les écologistes semblent fondées.Parmi les preuves de la négligence de l'entreprise, on trouve par exemple une étude commandée par ENI elle-même, en 1969, à son centre de recherche ISVET.Le rapport, rendu public récemment, montre clairement que, si rien n'est fait, l'augmentation de l'utilisation des combustibles fossiles pourrait conduire à à une crise climatique d’ici quelques décennies.Les organisations ont alors choisi de s’appuyer sur un procès similaire intenté et gagné aux Pays-Bas contre la multinationale pétrolière Royal Dutch Shell.L'entreprise anglo-néerlandaise, comme l'a établi un tribunal de La Haye, devra réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 45 % par rapport aux niveaux de 2019 d'ici 2030.Les juges ont en effet jugé la politique de développement durable de Shell peu pratique et l'ont ainsi obligée à respecter les Accords de Paris sur le climat.Globalement, il convient alors de préciser que ceux mentionnés sont tout sauf des cas isolés.À l’échelle mondiale, les conflits climatiques sont de plus en plus fréquents.Avec plus de deux mille dossiers de ce type initiés à ce jour, ce chiffre a plus que doublé par rapport à 2015.
[par Simone Valéri]